« Tout ce que j’ai appris à Bioforce m’est utile pour faire face aux particularités de mon environnement de travail »
Raoul, Camerounais d’origine, est en stage humanitaire après sa formation au métier de Responsable de projets protection de l’enfance en situation d’urgence. Il nous raconte pourquoi ce choix de formation et les principales responsabilités de son poste actuel.
Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de ton engagement humanitaire ?
Tout est parti d’un concours de circonstances, parce qu’à la base j’étais professeur de lycée au Cameroun. L’établissement où j’enseignais est situé dans une région de l’Extrême Nord en proie aux exactions de la secte islamique Boko Haram.
Il y avait un déplacement massif de population dans la zone et notre école a accueilli plusieurs enfants qui, pour la plupart, avaient perdu leurs parents suite aux attaques des islamistes. J’en ai été beaucoup touché et cela m’a poussé à m’investir dans l’humanitaire en animant une brigade de dénonciation des violences faites aux filles auprès d’une ONG au Cameroun. J’ai milité au sein de cette ONG pendant 3 ans tout en continuant ma fonction d’enseignant.
C’est en parlant de mon ambition d’embrasser de plain-pied l’humanitaire que mon épouse, qui travaillait déjà dans l’humanitaire, m’a conseillé de faire une formation au centre Bioforce Afrique.
En quoi consiste ton poste actuel ?
Je suis assistant au chef de projets Protection de l’enfance en situation d’urgence au sein de l’ONG ANTD (Association Nigérienne pour le Traitement de la Délinquance et la prévention des crimes). À ce titre j’ai rejoint une équipe depuis septembre 2021 avec laquelle on travaille sur un projet en partenariat avec l’UNICEF qui couvre les 7 départements de la région de Tillabéry. Et pour mettre en œuvre ce projet, il a fallu recruter du personnel : 5 travailleurs sociaux, 8 animateurs communautaires, 1 assistant financier et une secrétaire comptable. Dans la région de Tillabéry il y a des villages difficiles d’accès et en zone rouge ; donc des mécanismes ont été mis sur pied avec les animatrices endogènes (des femmes qui sont des personnes ressources au niveau des villages difficiles d’accès). Elles jouent un rôle primordial dans le relais et la remontée d’information pour l’assistance aux enfants vulnérables dans ces localités.
Notre projet consiste à mettre à la disposition de ces derniers des kits alimentaires et biens non alimentaires dans les 7 départements de la région. Nous avons aussi créé des Espaces Amis d’Enfants (espaces qui créent un environnement sécurisé pour les enfants, et leur permettent de prendre part à des activités ludiques, de socialiser, d’apprendre et de s’exprimer au fur et à mesure qu’ils reconstruisent leur vie) et nous nous assurons de la qualité des équipements que les prestataires sollicités apportent, afin que ça réponde aux besoins des enfants d’un point de vue qualitatif et quantitatif.
Tes impressions sur la formation en protection de l’enfance de Bioforce ?
Le contenu de la formation est dense et très riche : dense parce que n’ayant plus mis les pieds dans une école en tant qu’étudiant ce n’était pas évident pour moi, et très riche parce qu’on a des facilitateurs qui avaient une certaine expertise avérée. Cela m’a aussi permis d’avoir des connaissances dans différents domaines tels que le droit, les ressources humaines, la gestion financière et surtout la coordination de projets.
En bonus de la formation, il y a aussi les applications terrain qui sont de bonnes simulations d’opérations humanitaires en situation d’urgence, une expérience hors du cadre théorique. Cela m’a appris la résilience, l’acceptation des différences et la collaboration en équipe pour l’atteinte des objectifs. Tout ce que j’ai appris à Bioforce m’est utile pour faire face aux particularités de mon environnement de travail.
Comment s’est passé ta recherche de mission humanitaire une fois la formation terminée ?
Trouver un stage humanitaire a été une préoccupation pour moi, un défi. En réalité, si j’ai pu trouver une mission assez rapidement, c’est parce je ne me suis pas inscrit uniquement dans la logique d’avoir une mission auprès d’une organisation internationale. L’objectif pour moi c’est d’asseoir mes connaissances et avoir une expérience certaine du travail. J’ai suivi les conseils de connaissances au Niger, des staffs des organismes internationaux, qui m’ont parlé en bien de ma structure d’accueil et de la qualité du rendu très professionnel dans la mise en œuvre des activités de terrain. Et c’est à ce titre que j’ai porté mon choix sur cette structure qui m’a offert l’opportunité de cette mission humanitaire.