Des outils numériques au service de la solidarité

« En tant que collectivité territoriale en charge de politiques sociales, nous cherchons à promouvoir l’innovation, le faire autrement, pour continuer à jouer notre rôle protecteur pour les habitants, particulièrement dans un contexte de ressources limitées », a rappelé en introduction Corinne Aubin-Vasselin de la Métropole de Lyon, partenaire du Campus de la Solidarité.

Parmi les innovations qui font parler en ce moment, l’intelligence artificielle figure en très bonne place.  Sylvain Tillon, directeur de Le Bahut, a proposé une exploration du potentiel des outils d’intelligence artificielle (IA) pour faciliter le travail quotidien des acteurs de solidarité et leur permettre de consacrer plus de temps à leur mission première : des outils de rédaction, de traduction, de présentation, d’automatisation de certaines tâches ou encore des solutions pour faciliter la préparation d’entretiens. Un message important a été souligné : « N’utilisez pas les IA pour créer du contenu, mais pour travailler votre contenu. » Après cette première approche, nos participants vont pouvoir imaginer les opportunités offertes par l’IA pour anticiper les crises, faciliter la logistique ou encore personnaliser l’accompagnement des bénéficiaires ! Un carrousel d’innovations sociales a ensuite mis en lumière des projets concrets portés par des acteurs engagés.

La soirée en images

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L’Alliance : la coopération comme moteur d’innovation

Le projet Alliance illustre parfaitement l’importance de la coopération. « La coopération nous semble un ingrédient central de l’innovation aujourd’hui », explique Alain Monteillard, l’un des porteurs du projet, du Foyer Notre-Dame des Sans-Abris. Cette initiative favorise « des rencontres, des échanges de pratique, des partages, durablement, entre acteurs de l’accueil, de l’hébergement et d’accès aux soins des publics en situation de grande précarité et établissements et services médico-sociaux de droit commun, des acteurs qui fonctionnent différemment et ne se parlent pas toujours ». L’objectif : faciliter l’accès des populations précaires à un parcours de droit commun. « L’innovation aujourd’hui, c’est donc bien cette coopération durable entre ces deux familles d’acteurs, qui permet d’avoir suffisamment de temps et d’outils communs pour changer les pratiques et les représentations, et faire en sorte que chaque personne en situation de précarité trouve la bonne place. »

L’Archipel La Cantina : réinventer l’aide alimentaire

Né dans le sillage de la crise sanitaire, qui a agi comme « un révélateur des grandes précarités alimentaires« , L’Archipel La Cantina présenté par Judith Le Mauff, de l’association Le MAS,  représente une réponse innovante et pérenne à ce défi. L’Archipel, tiers-lieu au sein duquel on trouve une cuisine professionnelle qui permet aux Restos du Coeur de préparer les repas qu’ils distribuent, et la Cantina, un espace cuisine et buanderie mis à disposition de familles hébergées à l’hôtel, couplé avec un café associatif ouvert à tous. Cette collaboration entre Le Mas, la Ville de Villeurbanne et les Restos du Cœur va donc au-delà d’un simple service social. « L’innovation a été de laisser parler une créativité : au lieu d’un réfectoire, au lieu du « faire à la place de », on a imaginé un endroit dont les personnes, et pas seulement les personnes hébergées, peuvent s’emparer, un lieu de mixité à la fois des publics et des usages.« 

Mesurer l’impact : quand les chiffres servent l’humain 

Lancelot Lefebvre de la Fondation ENGIE et Vanessa Saragaglia de l’organisation Les Déterminés ont présenté la mesure d’impact, une approche bien souvent nouvelle pour les associations de solidarité. « Souvent dans le milieu de l’engagement, reconnaissent-ils, on est réticents à l’idée de quantifier car on travaille avec nos tripes« . La Fondation ENGIE s’est engagée dans l’accompagnement des associations qu’elle soutient à mettre en place des dispositifs de mesure de l’impact de leurs actions. Les Déterminés, qui lutte contre les déterminismes socio-économiques, est l’une d’elles. « Contre-intuitivement les chiffres vont nous aider pour montrer à quoi servent nos actions. Et parfois, justement parce qu’on bosse avec nos tripes, on n’est pas très objectif. Les chiffres peuvent aussi nous servir de garde-fous. On n’a peu de temps, donc on a tous envie de le mettre dans des actions qui ont un impact fort. » La mesure d’impact permet également de développer « un langage commun » avec les financeurs et de « devenir des partenaires avec une belle relation de confiance.« 

L’innovation repose avant tout sur la coopération et la créativité collective ont détaillé les intervenants en conclusion. Cette soirée a aussi montré que des solutions nouvelles peuvent émerger lorsqu’acteurs publics, privés et associatifs travaillent main dans la main.

Le Campus de la Solidarité, qui visait à « développer les coopérations entre humanitaires de proximité sur des enjeux communs« , s’est révélé être un terreau fertile pour de futures collaborations, utiles pour mieux servir les personnes en situation de précarité. Avec cette dernière soirée, le Campus de la Solidarité laisse entrevoir un futur où innovation et solidarité se renforcent mutuellement, pour relever les défis du monde d’aujourd’hui et de demain.

Retrouvez nous au Campus de la Solidarité

Guerre, crise migratoire, fragilités sociales et climatiques : l’Europe est aussi un territoire de vulnérabilités. Mieux préparer les acteurs de solidarité ici à répondre à ces nouveaux types de crise est l’enjeu du Campus de la Solidarité organisé par Bioforce du 19 au 22 novembre prochain. Et si l’humanitaire était une piste ?