« J’avais la volonté d’aider mais aussi de partir à l’aventure »

Comment j’ai eu envie de faire de l’humanitaire ? J’ai vu une pub pour Médecins Sans Frontières, je l’ai encore dans mon portefeuille, sur la situation des enfants éthiopiens, c’était en 1983. J’étais ado, quatorze ou quinze ans. J’avais une copine qui était bluffée par l’action des ONG humanitaires et puis je suis tombé sur cette pub. Les deux combinés ont fait tilt.

J’ai mis un peu l’idée en stand-by, le temps de mon bac. Mon cursus scolaire n’était pas hyper bon, d’ailleurs j’ai passé un bac qui s’appelait le Bac D’ comme “Déprime” – en fait un bac mathématiques et sciences agronomiques avec option zootechnie/phytotechnie. J’ai choisi cette filière déjà avec l’optique de partir et d’intégrer le secteur de la solidarité plus tard.

Devenir humanitaire, c’était aussi la volonté de sortir de mon microcosme familial. Je viens de Lille, d’un milieu bourgeois catholique. Je fais pas mal de scoutisme – comme beaucoup d’humanitaires d’ailleurs. C’est un milieu assez préservé, une famille de six enfants, très soudés. Mon père est belge, technicien en plasturgie, et ma mère s’occupe de ses six enfants, et s’investit énormément dans l’accompagnement de ses enfants. C’est d’ailleurs elle qui m’a mis sur la voie de Bioforce : quand je lui ai parlé d’humanitaire, elle m’a montré un numéro du magazine Géo qui venait de faire un dossier entier et sa couverture sur Bioforce. On est en 1986. Et même si je n’étais pas engagé concrètement dans le secteur associatif, en dehors du scoutisme, j’avais cette volonté d’aider. D’aider, mais aussi de partir à l’aventure, sortir de mon microcosme familial et aller vers l’inconnu. Et c’est comme ça que j’ai fait le pas.

Pour commencer à prendre le pli de sortir de chez moi et de mon contexte familial, j’ai été en pension, puis à Dijon en fac de médecine. J’ai échoué deux fois la première année, et là j’ai repensé à Bioforce. J’ai 21 ans et je postule comme “Agent de développement international option Tiers-Monde » : c’était le nom de l’unique diplôme proposé à l’époque par Bioforce. J’ai encore mon dossier d’ailleurs ! On avait des épreuves d’aptitude physiques et comportementales dans le parcours de sélection : l’épreuve du passage de la poutre à 5 mètres de hauteur par exemple, dans une caserne de pompiers. L’épreuve de sauvetage d’un mannequin dans la piscine aussi. Les deux premières promotions avaient aussi un saut en parachute, mais c’était déjà fini à mon époque. Le concours drainait beaucoup, beaucoup de monde. Il y avait à peu près 1200 candidats pour 80 places : je n’étais pas forcément tout à fait confiant de réussir à entrer !

« Bioforce, c’est un autre monde, une vie en communauté. »

Finalement, j’ai été pris et là ça a été vraiment une découverte totale. J’ai traversé la France à moto, Lille-Lyon d’une traite pour débarquer à 11 h du soir aux Minguettes, aux pieds de la tour HLM n°44, avec son imposant logo Bioforce devant l’entrée. Déconnexion totale. On est en 1988, et Bioforce vient à peine de s’installer dans ce quartier des Minguettes, un quartier “chaud” à Vénissieux, elle-même une banlieue réputée “chaude”. Les Minguettes ont à l’époque l’image d’un quartier “hostile” avec des rodéos dans les rues, des vols, des voitures brûlées. Moi, je débarque du Nord en pleine nuit, un jeune s’approche de moi et me dit “Je vais faire un tour avec ta moto”. Ce n’était pas une question. J’ai pris le risque de la prêter : il a fait un tour, il me l’a ramenée.

Je découvre donc le quartier des Minguettes, je découvre une diversité dingue. Tous les élèves Bioforce vivaient dans la même tour, la tour 42, dans un foyer géré par l’école. Donc, tu es formé dans la tour 44 et tu habites dans la tour 42 avec tes collègues qui sont en formation avec toi. C’est un autre monde, une vie en communauté. Il y a une sorte de promiscuité, un mélange joyeux entre vie privée, vie pro. Il y a aussi une grande diversité de profils, des étrangers qui viennent du Chili, du Brésil, de plein de pays. On passe nos week-ends ensemble, on passe d’un appartement à l’autre. Tu débarques en début d’année dans un environnement inconnu, mais très vite tu recrées une vie communautaire très forte. Et mine de rien, des gens d’horizons divers qui vivent et travaillent ensemble pendant la formation à Bioforce, ça ressemble beaucoup à notre future vie d’humanitaire !

A la fin de ma formation, je suis parti plus de dix ans en mission. Avant de revenir à Bioforce comme formateur, puis coordinateur de formation et aujourd’hui responsable du centre Bioforce Europe. Ah oui, j’oubliais, ma fille rentre de sa première mission humanitaire 😉

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