En immersion au Mexique avec Itzé, étudiante du Bachelor humanitaire post-bac

Plongée au cœur de la solidarité communautaire à Puebla

« Pendant 4 mois de ma vie je créé avec mon équipe des logements d’urgence qui changent concrètement des destins, des existences, . Tout ça se fait avec un esprit de solidarité intense et hyper beau. Ce stage me confirme que c’est exactement ce que je veux faire plus tard. »
Itzé, étudiante en Bachelor, a posé ses valises à Puebla, au Mexique, pour une immersion au sein de TECHO, une organisation de la société civile qui lutte contre l’extrême pauvreté dans les quartiers précaires. Comme elle, les étudiants de deuxième année du Bachelor humanitaire en logistique de Bioforce réalisent un stage de quatre mois à l’international. Ce terrain d’apprentissage grandeur nature est une occasion unique de confronter théorie et réalité de terrain.

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Un retour aux sources et une quête identitaire

« Travailler au Mexique, ça m’a tout de suite intéressée parce que je suis mexicaine par mon père. Mais il ne m’a jamais transmis sa culture ou sa langue. Ce stage, c’est aussi une manière de reconnecter avec cette partie de moi. »

Partir seule, sans autre étudiant Bioforce, a été une décision forte : « Partir, c’est un bon exercice personnel pour s’ouvrir et faire des rencontres. Je suis en totale immersion, je ne connais pas de Français ici et c’est la meilleure chose possible. » Loin d’être un obstacle, cette immersion l’aide à s’ouvrir aux autres, à la culture mexicaine, et à grandir personnellement et professionnellement. « Je peux grandir en fait sur tous les points, grandir sur le fait de pas être complètement seule dans un milieu que je ne connais pas, grandir avec une autre culture que je ne connais pas, grandir grâce aux rencontres qui m’apprennent plein de choses différentes. Je pense que je suis dans une étape importante de ma vie, et j’apprends énormément de choses tant personnellement que professionnellement. Et c’est vraiment satisfaisant de me dire que ma première expérience dans le futur boulot dans lequel je veux aller, c’est à dire la logistique humanitaire, se passe aussi bien. C’est même un point qui fait du bien ».

TECHO : agir avec les communautés pour améliorer les conditions de vie

En Amérique latine, plus de 180 millions de personnes vivent sans un lieu sûr où se sentir chez elles. Dans des conditions extrêmes, des milliers de familles affrontent la pluie, le vent et des températures intenses, sans murs ni toits pour les protéger. Présente dans 18 pays d’Amérique Latine, TECHO agit pour améliorer les conditions de vie des communautés les plus vulnérables à travers la construction de logements d’urgence, mais aussi via des ateliers communautaires (éducation, santé, cuisine, bien-être) qui ont lieu chaque semaine dans les communautés soutenues par TECHO. « Les ateliers sont les points les plus importants pour rencontrer les communautés, se faire connaître, tisser un lien de confiance et comprendre les besoins. Les constructions viennent ensuite, elles représente les évènements les plus « gros » mais elles sont ponctuelles car elles nécessitent du budget ».

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Cette approche repose sur une implication directe des habitants, véritable moteur du changement. « TECHO est spécialisée dans la construction : parmi les actions menées, on a notamment la construction de logements d’urgence. On avait sept logements à construire autour du 15 janvier et on a fait appel pour ça à une centaine de volontaires. On se réunit sur deux jours et on mène la construction avec l’aide des familles. Il y a aussi des projets de toilettes sèches, des projets de « SCALL » (pour Sistema de Captación de Agua de Lluvia« ) qui sont des systèmes de captation d’eau de puits. Et on construit aussi des centres communautaires, qui sont un peu l’équivalent d’une salle des fêtes en France, toujours dans l’idée de créer du lien entre les gens.

Voilà donc les quatre gros projets de construction que nous menons et qui viennent en aval d’un long travail d’étude de contexte, de terrain pour s’assurer que c’est vraiment ce dont les gens ont besoin. Il y a beaucoup de réunions, beaucoup d’ateliers et au fur et à mesure de toutes ces rencontres, on peut établir qu’on lance un projet de construction. Il n’est pas question de faire sans l’accord des communautés, ça c’est hyper important. »

« On ne construit rien sans l’accord et la participation des familles. Même si elles ne peuvent pas physiquement aider à la construction, elles participent en cuisinant ou en nous prêtant un lieu pour dormir. Il y a toujours une mobilisation collective incroyable. »

Des projets concrets et un impact réel

Plongée au cœur des projets, Itzé touche à tout : logistique, gestion de projet, collecte de fonds et animation d’ateliers. « Il n’y a pas de pôle logistique ici. Grâce à ma formation Bioforce, j’apporte une vraie vision globale qui manquait. Je fais le lien entre tous les projets : gestion des volontaires, planification, coordination des transports, gestion des stocks et des repas. »

« Ce qui est génial, c’est que chaque construction peut être réalisée par des volontaires sans aucune expérience mais qui sont cadrés grâce à des formations menées par le personnel ou les volontaires plus expérimentés, et grâce a des outils de gestion de projet pour faciliter la compréhension générale du projet et ses enjeux en termes de logistique. Les plans de construction sont hyper clairs : ils ont été réalisés afin d’être accessible à toute personne sans aucune base dans ce domaine. Les gens qui ont déjà participé à des constructions sont à des poste de ‘lider et colider de cuadrilla » et supervisent l’avancée du chantier. Mais ce que peu de gens voient, c’est que chaque chantier de deux jours nécessite plusieurs mois de préparation logistique. »

En janvier, Itzé a participé à la construction de sept logements, mobilisant plus de 100 volontaires. « En avril, on repart sur 22 logements et 8 systèmes de captation d’eau de pluie, une ressource cruciale ici. »

L’accès à l’eau est un enjeu majeur : « L’eau potable n’est pas toujours disponible ici et les familles doivent acheter de l’eau en bidon, ce qui représente un coût énorme pour elles. Ce déficit d’accès à l’eau pose plusieurs problèmes évidents : des problèmes financiers – acheter de l’eau en bouteille entraîne des frais très importants pour ces gens qui vont en sus acheter de la vaisselle jetable en plastique, et des problèmes de santé qui se dégrade avec le manque d’accès à l’eau. Avoir ce système de captation d’eau réduit les coûts et autonomise les familles vis-à-vis d’un réseau public qui n’est pas présent et ne le sera pas avant de nombreuses années. »

Une formation Bioforce précieuse sur le terrain

« Grâce à Bioforce, j’ai une grille de lecture logistique et humanitaire qui me permet de ne pas me sentir perdue. Mes formateurs sont des humanitaires, connaissent le secteur et ont toujours des anecdotes et des conseils sur comment se comporter, les choses à faire et à ne pas faire. Ça donne des clés de compréhension et des astuces de savoir-être, et aujourd’hui ça m’aide énormément. Chaque sortie sur le terrain, c’est l’opportunité de mieux comprendre des situations, de créer de futures opportunités et je pense que grâce à ma formation, j’ai un peu plus recul. Les autres volontaires n’ont pas forcément cette expérience-là. »

Le travail d’Itzé, c’est aussi d’accompagner les jeunes volontaires : « Ils ont entre 18 et 23 ans, souvent sans expérience logistique ou humanitaire. Avec Irina et Raul, les salariés de TECHO à Puebla, on les accompagne et on monte les projets ensemble. Raul prodigue des conseils, il est hyper pédagogue : il laisse les autres faire tout en les aiguillant. Il y a une liberté, une flexibilité qui est assez impressionnante. Ça nous permet d’exercer des responsabilités malgré notre jeunesse et notre manque d’expérience. »

Aux côtés de Salomé et Marguerite, deux autres étudiantes Bioforce en stage au Paraguay avec TECHO, Itzé a lancé une campagne de crowdfunding pour financer deux SCALL, ces systèmes de collecte des eaux de pluie et un centre communautaire au Paraguay.

Au Mexique, le projet d’Itzé consiste à mettre en place des SCALL. Ce système est une solution décentralisée et alternative pour l’accès à l’eau au niveau communautaire par le captage de l’eau de pluie. Il sera mis en œuvre à Tepexco, dans l’état de Puebla, où 89 % des personnes évaluées par le HCE sont confrontées à des conditions d’accès à l’eau et à l’assainissement difficiles.

Au Paraguay, Salomé et Marguerite dirigeront la construction d’un siège communautaire dans la communauté d’Aregua. Cet espace favorisera les réunions, la résolution des défis communs et l’accès aux services essentiels, tout en renforçant la cohésion sociale et l’autonomie locale. Le projet inclut un diagnostic participatif, un plan d’action, la construction du siège et des journées éducatives pour les jeunes, axées sur le leadership et le développement des compétences. Cette approche vise à promouvoir l’inclusion et la durabilité des initiatives.

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