Enrichir et croiser pour mieux agir

Le Campus de la Solidarité est né d’un constat : une grande majorité de crises en France entrent dorénavant en résonance avec une problématique internationale (climat, migration, sanitaire…). Et si la formation et les pratiques humanitaires, domaines d’expertise de Bioforce depuis 40 ans, apportaient des réponses aux acteurs de solidarité ici et les aidaient à mieux faire face aux crises ? Le Campus de la Solidarité, soutenu par la Fondation ENGIE, la Fondation de France, l’Institut Mérieux, Thermi-Lyon et la Métropole de Lyon, a ainsi proposé aux acteurs de la solidarité nationale de venir découvrir, le temps d’une semaine, de nouvelles compétences, mais aussi coopérer, renforcer leurs réseaux professionnels, échanger avec des pairs au Liban confrontés à une nouvelle crise d’ampleur, et s’informer sur les innovations.

Découvrir des compétences

Les cinq formations proposées par Bioforce ont été conçues pour répondre aux besoins exprimés par les acteurs de terrain sur des thématiques comme la prévention des risques psychosociaux ou la planification de projets de solidarité. « Mon objectif principal, c’est de leur transmettre des outils directement intégrables dans leur pratique, » explique Sophie Morin, formatrice en gestion de projet. C’est une grande joie de participer au campus. Pour moi, l’initiative de Bioforce est formidable parce qu’elle crée des liens entre ce qui est fait à l’étranger et ce qui est fait ici. Et il y a une vraie demande. Enfin, quand on voit les échanges que j’ai depuis trois jours avec le groupe, il y a un vrai besoin de formation des acteurs de solidarité locale aux outils. »

Hamdane, chef de pôle hébergement d’Habitat et Humanisme Rhône, témoigne de l’impact de la formation qu’il a suivie sur les risques psychosociaux : « Je gère 60 salariés et une centaine de bénévoles. Aujourd’hui, quand on accompagne une équipe aussi importante, on a besoin de mettre à jour nos outils de travail. On accompagne des personnes en grande précarité et les risques psychosociaux sont un sujet qui impacte beaucoup les personnes qui les accompagnent, salariés ou bénévoles. Notre rôle, c’est de veiller à ce que ces équipes d’accompagnement aient la capacité de faire leur travail dans de bonnes conditions. La plus-value pour moi, c’est aussi vraiment de rencontrer les autres acteurs et de confronter nos expériences, nos savoirs, nos compétences et de partager. »

Mobiliser face aux crises

Les soirées du Campus ont également été un moment fort pour partager, connecter les acteurs et réfléchir ensemble à des solutions. Après une première soirée qui a confirmé l’impératif de continuer à professionnaliser le travail solidaire en reliant les défis locaux et internationaux et en renforçant les compétences techniques et humaines dans ces chaines de solidarité, la deuxième soirée, animée par la Fondation de France, était consacré au thème crucial de la mobilisation dans la prévention et la gestion des crises. Karine Meaux, sa responsable des urgences, a souligné : « On a trouvé très intéressante cette proposition de Bioforce de réunir pendant quelques jours à la fois des acteurs humanitaires et des acteurs sociaux sur le territoire français avec l’idée de professionnaliser ce secteur en prenant en considération la multitude des approches. Ce qui était intéressant aussi, c’était évidemment le retour vers le local. Et quand on parle de local, on parle vraiment de territoires et de la force de la coopération d’acteurs sur ces territoires, à la fois pour prévenir et pour résister quand surviennent des crises et des catastrophes. »

« Il y a une vraie demande et un vrai besoin de formation des acteurs de solidarité locale »

Innover pour transformer les pratiques

La soirée de clôture (lien vers article) sur l’innovation a été marquée par un brainstorming sur l’intelligence artificielle, animé par Sylvain Tillon, directeur de Le Bahut. Il a insisté : « L’IA ne doit pas remplacer l’humain, mais sublimer nos idées et enrichir nos pratiques. Les outils IA permettent d’anticiper, de structurer et d’enrichir nos projets. Leur potentiel pour le secteur solidaire est immense. »
Le carrousel d’innovations sociales a également mis en avant des projets inspirants, tels que L’Archipel La Cantina, présenté par Judith Le Mauff du MAS : « Après la crise sanitaire, nous avons voulu aller au-delà de l’urgence alimentaire en créant un espace où les familles peuvent s’approprier les lieux. L’innovation ici, c’est de laisser parler la créativité, de mêler mixité sociale et services concrets comme des cuisines partagées et un café associatif. »
Lancelot Lefebvre, délégué général adjoint de la Fondation ENGIE, a présenté aux acteurs de solidarité locale présents la mesure d’impact utilisée par les associations soutenues par la fondation : « Dans le milieu de l’engagement, nous sommes parfois réticents à quantifier nos actions. Pourtant, les chiffres peuvent devenir des alliés pour prioriser nos efforts, comprendre les effets réels de nos projets et construire des relations de confiance avec nos partenaires.« 

Un succès collectif et des perspectives prometteuses

Avec des taux de satisfaction de 98 %, le Campus de la Solidarité s’est imposé comme un espace essentiel pour partager les pratiques, professionnaliser et innover dans le secteur solidaire. « Ce Campus a été une véritable opportunité pour partager nos expériences, apprendre les uns des autres et imaginer ensemble des solutions pour un monde plus solidaire, » a conclu Clémence, participante à la formation sur les risques psychosociaux.

Le Campus de la Solidarité est une première étape, d’autres initiatives prometteuses sont déjà en élaboration pour continuer le dialogue entre acteurs des solidarités, internationale et locale : rendez-vous en 2025 pour continuer à bâtir la solidarité de demain.

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