« Pour mon stage humanitaire avec Bioforce, j’ai eu un coup de coeur pour Utopia56 »

 Repère géographique : France, CalaisAu sein d’associations locales ou d’ONG internationales, tous les étudiants de 2e année du Bachelor de Bioforce partent de 3 à 4 mois en stage sur le terrain pour intervenir dans la logistique d’un projet de développement : maintenance, achats-approvisionnement, gestion de stock, transport ou distribution, réhabilitation/construction ou campagnes de vaccination… C’est l’engagement rêvé, dans la durée, à l’endroit du monde de leur choix : les stages humanitaires Bioforce sont réalisés partout où il y a des besoins, au Togo ou en Serbie, à Madagascar ou au Pérou, au Népal comme à Djibouti… mais aussi en France. Objectifs de ce stage humanitaire : acquérir une vraie expérience de terrain, travailler en autonomie et tester ses capacités d’adaptation dans le contexte de pays en développement.

« Lorsque les premières réunions ont eu lieu à Bioforce concernant les stages de 2e année, raconte Mélodie, j’ai échangé longuement avec les étudiants de 3e année qui rentraient de leurs stages ; parmi eux, certains m’ont parlé d’Utopia56.

J’ai eu un coup de cœur pour l’association et j’ai vraiment aimé tout ce que les étudiants m’ont dit de leur expérience sur place. Au départ, j’envisageais plutôt un stage à l’étranger, mais, en réfléchissant à cette rencontre, je me suis rendue compte que ce projet était vraiment intéressant : il y a beaucoup d’actions importantes à mener aussi en France.


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 Bachelor humanitaire : portrait d'Émilie, alumni Bioforce 2010 J’ai contacté Utopia56 assez tard, courant décembre pour un début de stage en janvier. J’ai échangé avec l’organisation par email : ils m’ont répondu très rapidement et m’ont proposé un rendez-vous téléphonique. J’ai donc pu recevoir de nombreuses informations lors de ce rendez-vous, poser toutes les questions que j’avais, et préciser mes attentes :  j’étais plus éclairée sur les missions et mon rôle en tant que stagiaire. Cela m’a permis aussi d’apprécier l’écoute de mes interlocuteurs.trices et leurs professionnalisme ».

 

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Mélodie, en stage humanitaire avec Bioforce « Je suis sur place en tant que professionnelle formée pour aider les autres »

« À la sortie du train à Calais, j’ai rejoint la maison de vie commune où j’ai été accueillie par des bénévoles : cette communauté de vie partagée m’a permis de m’intégrer rapidement à l’équipe. Je me suis très vite adaptée à la vie là-bas. Après un cycle de 3 jours de formation intensive démarré dès le lendemain de mon arrivée (avec visites et description de l’organisation, fonctionnement de l’entrepôt, etc.), j’ai pu mieux comprendre les valeurs et les missions d’Utopia56 et surtout le contexte d’intervention à Calais. J’avais hâte de me retrouver sur le terrain !

À Utopia56, le travail logistique est très important mais nous sommes aussi proches des bénéficiaires car en contact direct avec eux. Comme je tenais également à me diversifier, j’ai effectué des maraudes, dont j’avais l’expérience grâce à mes activités à la Croix-Rouge française dans le cadre de mon engagement dans une association locale en 1e année.

Nous étions 10 bénévoles au début de mon séjour mais le nombre fluctue selon les périodes. À 20 ans, j’étais la plus jeune parmi les stagiaires mais l’âge maximum est de 28 ans, ce qui constitue une équipe très jeune. Tous les membres de l’équipe ont eu des expériences de solidarité avant d’arriver ici. Trois sont mêmes d’anciens élèves de Bioforce en Bachelor humanitaire : mon tuteur, coordinateur d’Utopia56 à Calais, est lui-même un ancien étudiant du Bachelor.

Calais est un contexte si différent de ce qui se passe ailleurs que j’avais l’impression de séjourner dans un pays étranger. Le paysage social correspondait tout à fait à ce que les anciens Bioforce m’avaient raconté. Il y a beaucoup de petits camps qui rassemblent des tentes à différents endroits de la ville. Ces campements sont impressionnants. La première vision est même choquante, ce n’est pas un endroit où l’on imagine que des personnes puissent vivre et encore moins rester des mois voire des années. Aujourd’hui encore, je ne sais pas trop comment exprimer mon ressenti personnel mais je suis sur place en tant que professionnelle formée pour aider les autres, ce qui m’a permis de trouver la bonne distance.

Dans les tentes, il peut y avoir des familles ou des hommes seuls, en majorité Soudanais mais on retrouve également des Syriens, des Iraniens, des Érythréens, des Vietnamiens, des Afghans. Ce sont majoritairement des hommes seuls, parce que les familles sont généralement orientées vers des hébergements.

On essaie de faire en sorte que les bénéficiaires reçoivent le minimum : un accès à l’eau, à la nourriture, qu’ils puissent se doucher ou recharger leur téléphone. Il y a une grande misère mais on pourvoit aux besoins les plus essentiels. La communication est assez facile grâce aux traducteurs. Mais même sans traduction, on finissait par se comprendre quand même ! J’adore côtoyer ces hommes et femmes de culture différente qui m’apprennent des mots de leur langue, des particularités de leur pays. Je suis moi-même née en Éthiopie : cela m’a aidé dans plusieurs situations où je me suis retrouvée avec des personnes érythréennes ou éthiopiennes : on a pu beaucoup échanger, et c’était passionnant. »

« Cet apprentissage sur le terrain m’a permis de renforcer ma confiance en moi et de développer savoir-faire et savoir-être. »

Au cours du stage humanitaire, l’organisation « fait très attention à la sécurité des bénévoles, pendant nos activités ou nos jours off »

Utopia56 est toujours sur le terrain et toujours disponible pour les personnes exilées.
On ne leurs demande pas de nous raconter leurs parcours de vie parce que ces histoires sont souvent traumatisantes à dire ou à entendre, mais s’ils veulent en parler, on répond présents. Plusieurs personnes nous ont raconté leur parcours : pour respecter leur intimité, on évite de raconter ce qu’on entend entre bénévoles, on ne se confie pas aux journalistes, on met juste au courant nos coordinateurs quand il est nécessaire de mettre en place un suivi psychologique. Plusieurs psychologues (via Médecins Sans Frontières ou la Croix Rouge Française) sont disponibles pour les bénéficiaires que nous pensons vulnérables. Parfois, eux-mêmes ont envie de parler avec un psychologue, donc on leur donne un contact et les psychologues prennent le relais.

Parfois, sur le terrain, on peut vivre des évènements potentiellement traumatisants. Ma première urgence de nuit a été très mouvementée. Plusieurs activités sont partagées avec des équipes d’urgence, de jour et de nuit ; cette nuit-là, il y a eu un naufrage qui a provoqué la mort de cinq personnes. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux à Wimereux nous avons vu les policiers et les pompiers. Ma binôme et moi avons dû gérer plusieurs appels de détresse en mer, contacter les secours tout en rassurant les personnes avec qui nous étions en contact.

L’association fait très attention à la sécurité des bénévoles, pendant nos activités ou nos jours « off ». Nous devons respecter plusieurs règles. Utopia56 propose aux bénévoles qui ont besoin de parler de leur expérience un suivi psy. L’association s’assure vraiment du bien être des bénévoles et de notre santé mentale à tous sur le terrain.

A côté des maraudes sociales, Utopia56 co-gère la « Warehouse », un entrepôt qui alimente la logistique nécessaire aux actions de plusieurs associations : j’en suis la référente.
Les maraudes permettent de rencontrer et aider des personnes en situation de vulnérabilité. Ce n’était pas nouveau pour moi, puisque je l’avais expérimentée sur le terrain à la Croix-Rouge. En revanche, le warehousing, l’approvisionnement, je ne le connaissais que de manière théorique, empirique grâce aux cours à Bioforce. Cela s’est très bien passé : Bioforce m’a rendue opérationnelle. Il y avait des éléments connus grâce à mes cours, et surtout mon tuteur, Axel Gaudinat, était très présent et disponible. Il a été d’un grand soutien pendant mes premières semaines d’adaptation et de formation. Quand il m’a vu suffisamment à l’aise avec le matériel, il m’a proposé de prendre en charge l’activité et de faire des propositions d’améliorations. Les postes administratifs consistent à faire les plannings et d’autres petites tâches logistiques.

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Après son stage de Bachelor humanitaire : « J’ai énormément appris en 3 mois sur le terrain, dans l’action, auprès des exilés »

« Dans la warehouse, en plus d’Utopia56, on retrouve d’autres associations : Collective Aid ; l’Auberge des migrants ; Channel Info Project (qui s’occupe de fournir des cartes SIM ) ; RWC : Refugee Women’s Center (qui offre un soutien aux femmes exilées en non mixité) ; WoodYard (pour la distribution de bois); RCK Refugee Community Kitchen (qui gère la nourriture et les repas pour les exilés et les bénévoles sur place) ; et Project Play (qui procure accueil et jeux pour les enfants).

A l’entrepôt, chacune de ces associations à son propre espace. Au sein de l’espace Utopia, mon travail c’est de m’assurer que tout soit bien trié, inventorié et de gérer l’approvisionnement. Je m’occupe également de la gestion du parc véhicules et de l’accueil des nouveaux bénévoles.

Nous recevons des dons de vêtements qui doivent être triés : certains types de vêtements ne sont pas adaptées aux cultures des communautés présentes ou aux saisons. Les femmes exilées ne portent pas de robes ni de chaussures « de ville ». On fournit les vêtements aux personnes qui ont échoué dans leur tentative de traversée de la Manche et reviennent trempées. Les équipes sur le littoral vont aller à la rencontre de ces groupes pour donner des vêtements, du thé pour les réchauffer, des biscuits.
Certains ont essayé plusieurs fois et continuent, persistent et espèrent toujours que la prochaine fois sera la bonne : ils ont de la famille au Royaume-Uni ou pensent que la vie sera meilleure là-bas, c’est leur seul horizon. D’autres en ont marre d’essayer, et choisissent de demander l’asile en France.

J’ai énormément appris en 3 mois et je suis triste de partir : c’était une expérience essentielle à vivre, professionnellement et humainement. Mais je suis également impatiente de retrouver ma classe à Bioforce pour échanger et découvrir leurs expériences.

Cet apprentissage sur le terrain m’a permis de renforcer ma confiance en moi et de développer savoir-faire et savoir-être. En cours d’année, je me questionnais parfois « Est ce que je suis vraiment faite pour ce métier ? Est-ce que je serais capable de prendre en charge toutes ces tâches ? ». Pendant ce stage j’ai vraiment aimé être sur le terrain, dans l’action, auprès des exilés et cette expérience m’a confirmée dans mes choix, de stage et d’orientation professionnelle. »

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