Des parcours aussi variés que déterminés

Le 30 septembre 2024, le Centre de Formation Bioforce Europe à Lyon a marqué sa rentrée avec un invité d’honneur exceptionnel : Olivier Vandecasteele, humanitaire engagé qui a vécu la détention arbitraire en Iran. Devant un auditoire captivé, il a partagé son parcours, ses combats, et ses réflexions profondes sur le monde humanitaire. Cet événement, organisé avec la revue Alternatives Humanitaires, a mis en lumière l’importance des valeurs qui animent le secteur, alors que les enjeux et les risques n’ont jamais été aussi grands.

Retour d’Olivier Vandecasteele à Bioforce : un parcours humanitaire exemplaire

 Portrait d'Olivier Vandecasteele, fondateur de Protect Humanitarians « Il y a un peu moins de 20 ans, je démarrais une étape cruciale de mon parcours humanitaire ici avec Bioforce », a-t-il rappelé dès le début de son discours, exprimant sa reconnaissance envers l’organisation qui a posé les bases de sa carrière. Au sein de Bioforce, Olivier a créé et piloté la mise en œuvre d’une action d’information et d’orientation professionnelle dans le secteur de l’humanitaire, qui regroupait les principales ONG du secteur  « Solidaire ». Olivier a évoqué ses premiers pas dans l’humanitaire, un secteur qui, au départ, pouvait sembler difficile d’accès pour un jeune homme dépourvu de réseau dans le secteur de la solidarité internationale.

« C’est à Bioforce que j’ai compris que je frappais aux mauvaises portes, qu’il me fallait davantage d’expérience professionnelle pour être pris au sérieux, que l’engagement exige constance et persévérance », a-t-il confié, en invitant les étudiants à tirer pleinement profit des opportunités offertes par l’école, ajoutant : « Mes années à Bioforce m’ont donné une bonne compréhension de ce qu’est le secteur aujourd’hui, et des compétences qui me faisaient défaut. » Son passage à Bioforce puis à Médecins du Monde (MdM) ou au Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) lui ont permis de forger des amitiés durables et un réseau indispensable, deux piliers qui restent au cœur du secteur humanitaire.

Un témoignage poignant sur la résilience des humanitaires

Le moment le plus poignant du discours est sans aucun doute lorsqu’Olivier Vandecasteele a évoqué ses 456 jours de captivité en Iran, une période qui l’a profondément marqué. « Plus de 400 jours en isolement total, dans une cave sans fenêtre, sans accès à mes proches », a-t-il raconté. Ce témoignage a frappé l’audience par sa simplicité et sa force, illustrant la vulnérabilité des humanitaires, mais aussi la résilience nécessaire pour surmonter de telles épreuves.

Pendant sa captivité, Olivier a trouvé refuge dans les principes mêmes qui guident son engagement. « Quand tout s’est effondré, c’est à ce désir d’humanité que je me suis raccroché. Mon engagement ne pouvait pas se terminer par une prise d’otage. Au contraire, en sortant d’une telle épreuve, j’ai voulu contribuer activement à la protection et au soutien des collègues humanitaires qui continuent notre action de solidarité », a-t-il affirmé, soulignant l’importance de défendre les valeurs humanitaires dans un monde de plus en plus hostile.

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« Mes années à Bioforce m’ont donné une bonne compréhension de ce qu’est le secteur aujourd’hui »

Les défis croissants pour la sécurité des travailleurs humanitaires en 2024

Rentrée humanitaire 2024 : photo de promo des élèves Bioforce. Au centre Olivier Vandecasteele, invité d'honneur avec Bertrand Quinet, directeur de Bioforce Europe et Dorothée Lintner, Directrice Générale de Bioforce
Rentrée humanitaire 2024 : photo de promo des élèves Bioforce. Au centre Olivier Vandecasteele, invité d’honneur avec Dorothée Lintner, Directrice Générale de Bioforce et Bertrand Quinet, directeur du Centre de formation Bioforce Europe.  

En 2024, la violence contre les humanitaires continue d’augmenter de façon alarmante. « 2023 a été la pire année en termes de collègues tués, blessés et enlevés », a souligné Olivier, précisant que 595 humanitaires avaient été victimes de violences l’an dernier. Et l’année 2024 s’annonce également tragique, avec déjà plus de 400 humanitaires touchés sur les neuf premiers mois de l’année. Ces chiffres, aussi glaçants soient-ils, n’ont pas pour but de décourager les futurs acteurs du secteur, mais de les pousser à une réflexion lucide.

Olivier a encouragé les étudiants à s’engager malgré les risques, mais à le faire de manière « lucide et résistante ». Il a insisté sur l’importance de soutenir les collègues nationaux et les ONGs locales, souvent les plus exposées dans les zones de conflit. « C’est surtout pour eux que nous devons investir davantage dans le plaidoyer, la formation et des mesures concrètes de protection et de soutien sur le terrain », a-t-il martelé.

Le projet Protect Humanitarians : Soutenir les humanitaires victimes de violences

La douloureuse expérience de sa captivité a mené Olivier Vandecasteele à lancer le projet Protect Humanitarians, une initiative visant à défendre les droits des humanitaires et à offrir un soutien concret aux humanitaires victimes de violences. « Ce projet fait du plaidoyer, fournit un soutien financier et développe de bonnes pratiques pour soutenir les victimes et les survivants dans notre secteur », a-t-il expliqué. Ce projet est désormais l’un des fers de lance de son engagement.

Un message d’espoir et de solidarité pour la nouvelle génération d’étudiants humanitaires

Malgré les difficultés, Olivier Vandecasteele a tenu à transmettre un message d’espoir aux étudiants de Bioforce. « Je ne vous dis pas cela pour vous décourager, mais pour vous inviter à une résistance active, lucide et informée pour la défense de nos principes humanitaires », a-t-il déclaré. Il les a encouragés à tisser des liens solides entre eux et avec les professionnels intervenants de Bioforce, à se nourrir de la beauté du monde pour mieux supporter les épreuves à venir.

En conclusion, il a partagé une citation de Camus qui l’a accompagné tout au long de sa détention : « Il y a la beauté et il y a les humiliés. Quelles que soient les difficultés de l’entreprise, je voudrais ne jamais être infidèle ni à l’une ni aux autres. » Ce puissant message a résonné comme une invitation à persévérer dans l’humanitaire, à la fois avec engagement et humanité. Il illustre les défis mais aussi les espoirs qui animent les humanitaires d’aujourd’hui, à l’heure où le monde a plus que jamais besoin de leurs actions.

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