Patrick Verbruggen, co-fondateur de Triangle Génération Humanitaire : « Pour aller dans le bon sens, il faut se rapprocher »
Rencontre avec Patrick Verbruggen, co-fondateur de l’ONG lyonnaise Triangle Génération Humanitaire.
« Bioforce déplace la formation au plus près des besoins »
La légitimité de Bioforce vient de son expérience : c’est sa valeur ajoutée. Le personnel qui compose Bioforce, ce sont d’anciens humanitaires. Ils connaissent le terrain, sa réalité et ses besoins. Dans un monde qui évolue, il y a besoin de chefs de projet, des projets qui durent sur plusieurs années sans forcément que ce soit des expatriés à la tête mais d’aller former des natifs pour s’occuper de ses projets. Ce qu’il faut c’est que les personnes concernées suivent les processus, les projets de A à Z dans le temps.
Surtout sur les questions d’urgence, le besoin va être de trouver rapidement des personnes qualifiées, capables de tenir des postes administratifs, de tenir des postes financiers, de la logistique et ainsi de suite. C’est dans ce cadre-là qu’une organisation comme Bioforce peut assez rapidement mener les actions pour que les gens puissent se former.
Aujourd’hui, c’est ce que Bioforce fait à Dakar, déplacer les centres de formation auprès des besoins.
S’il y a une guerre, ou une guerre civile, il y a souvent une fuite des cerveaux : les personnes qui ont un peu d’éducation et les moyens de s’en sortir s’en vont et partent à l’étranger. Il est nécessaire de former des individus qui n’ont pas forcément toutes les qualifications mais qui restent dans leur pays et veulent aider leur population. Pour se faire, il faut absolument pouvoir leur transmettre des connaissances, transférer des compétences. En ce sens, tout système équipé de formation et de centre de formation qui est au plus près des besoins, des populations est une bonne chose.
« Nous vivons dans une mondialisation sociale, nous devons travailler avec le monde entier »
L’important, c’est que le personnel non formé le soit rapidement parce que l’on parle de vies humaines. Il faut former des techniciens rapidement : former des locaux qui sont en contact avec les communautés et qui sont issus de ces communautés-là. A chaque fois les réponses sont différentes car la nature du cadrage, la nature de la communauté, sont différentes et à chaque fois il faut s’adapter. Il n’y a pas une réponse unique par rapport à un problème, par rapport à une catastrophe naturelle. Aucune communauté ne se ressemble : il faut prendre le temps d’écouter, de comprendre, de créer des relations qui sont amicales avant tout avec les personnes avec qui on va travailler donc c’est quelque chose de très complexe et de très technique tout en partageant des valeurs communes.
La partie technique c’est la formation, à moyen et long terme des cadres mais aussi la création d’organisations compétentes pouvant intervenir dans l’urgence tout en développant les services publics. L’expérience et la capacité des salariés à s’adapter aux besoins des ONG et des terrains qui sont tous différents est primordiale dans le mouvement humanitaire, un monde où tout le monde se parle. Il y a ce besoin qui est exprimé de notre part par rapport à Bioforce. On demande ce type de personne pour ce type de terrain.
Nous avons beaucoup travaillé à la formation des expatriés mais aujourd’hui le mot expatrié n’a plus de sens, car nous vivons dans une mondialisation sociale, nous sommes obligé de travailler avec le monde entier : on peut avoir un chef de mission irakien en Indonésie, un soudanais du Darfour en République Centre africaine, des américains au Yémen. Donc ce qui arrive devait arriver, c’est juste une logique et tant mieux qu’une organisation comme Bioforce aille au plus près des besoins. Les besoins, ce sont les ressources humaines et leur formation, on a eu par le passé à envoyer des salariés de Triangle en France pour se former et ce n’est pas évident pour un soudanais du Darfour d’aller se former à Lyon sans parler du coût important. Pour aller dans le bon sens, il faut se rapprocher.