Comment communiquer ?

C’était à l’époque où j’étais officiellement à la fac, plus précisément en fac de psycho à Paris. J’avais une amie qui bossait dans une association d’hébergements d’urgence comme éducatrice spécialisée avec des réfugiés ou des personnes en demande de refuge.

Elle m’appelle un soir, elle était en galère parce qu’elle avait sept Kurdes qu’elle devait loger et il n’y avait aucun endroit pour eux. Dehors il pleuvait, c’était vraiment la galère. Je lui explique que chez moi ça sera du camping, j’habite dans un tout petit studio de 17m² à Paris, mais que si vraiment il y a besoin je peux donner un coup de main.

Une demi-heure plus tard un de ses amis, qui est aussi éducateur spécialisé, arrive avec les Kurdes qui ne parlent que sorani, l’un des principaux parlers kurdes. J’ai des bases de sorani, mais assez lacunaires, donc ce n’est pas très pratique pour la communication. Je les fais monter et j’essaie de trouver un endroit où chacun peut dormir. Je me rappelle que j’ai ouvert mes placards et ils étaient complètement vides, je leur ai fait une purée mousseline immonde. Les outils automatiques de traduction ne marchent pas, et je me dis qu’il faut que je trouve un moyen de communiquer avec ces personnes-là parce que ça ne va pas du tout !

Je fais du thé et finalement ça a été le meilleur moyen que j’ai trouvé pour pouvoir communiquer avec eux, simplement autour d’une tasse de thé. Je prends une théière, je pose le thé et tous les verres par terre, la théière au milieu et c’est par les gestes qu’on finit par se comprendre. En se demandant qui servait le thé, qui donnait le verre à qui, comment on faisait, qui buvait, est ce qu’on l’attendait ou pas ? Un mode de communication s’est créé comme ça.

Cet évènement a été le point névralgique de mon orientation

On a passé la soirée ensemble, un peu entassés les uns sur les autres. Je dormais dans un hamac au-dessus d’un lit de camp sur lequel dormait un des Kurdes. Il y en avait trois dans mon lit double en haut, il y en avait deux qui dormaient sur des matelas… Je pense qu’ils étaient clairement habitués à plus de confort que ça ! Le lendemain ça a aussi été compliqué, je devais les emmener dans différentes gares. Quand je suis revenu, il y en a un qui avait pris mes affaires et qui s’était habillé avec, c’était assez rigolo, ça partait un peu dans tous les sens.

Mais je crois que c’est la première fois où je me suis rendu compte que du côté un peu dérisoire dans la façon dont tu pouvais aider. C’était assez rigolo j’étais vraiment tout seul chez moi, une amie m’a demandé, j’ai dit oui et c’est venu comme ça. Après ça j’ai commencé à postuler dans des associations pour bouger.

Pour moi toute l’importance se situe dans la décision : est-ce que tu veux le faire ou pas, sans avoir d’attentes sur comment ça va se passer. Une fois que tu le fais tu ne peux pas prédire ce qui va se passer et tu dois composer avec ce que t’as. Je savais déjà que je voulais me commencer à diriger dans le social ou l’humanitaire, mais cet évènement a été le point névralgique de mon orientation. J’avais une idée très carrièriste, long terme, diplômes, ce genre de choses. En fait c’est un domaine qui te permet de faire des actions sporadiques assez facilement atteignables pour aider, il y a plein de petites ONG qui ont du mal à trouver des bénévoles.

Devenez humanitaire avec Bioforce

Les ONG ont besoin de professionnels qualifiés, capables de répondre efficacement aux crises humanitaires et d’aider les populations vulnérables. Et si c’était vous ? Que vous soyez jeune diplômé, humanitaire expérimenté, bachelier, ou salarié en transition professionnelle : trouvez à Bioforce la formation qui vous correspond.