Théo, responsable Environnement de Travail : garant de la sécurité et du confort des utilisateurs
Vous hésitez entre travailler en entreprise ou dans l’humanitaire ? Bonne nouvelle, avec la formation post-bac hors Parcoursup Responsable de l’Environnement de Travail et de la Logistique Humanitaire, vous pouvez faire les deux ! Avec le bac et sans expérience professionnelle, apprenez un métier au service des autres. Théo est diplômé de cette formation : il vous raconte son stage humanitaire à l’international, son alternance en France et ses missions quotidiennes de responsable Environnement de travail.
Théo, pourquoi cette formation ?
Depuis très jeune je voulais travailler dans l’humanitaire, le social. Aider les autres a toujours été important pour moi. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’emmenaient sur des missions courtes, notamment au Maghreb, et j’ai pu commencer à y faire deux-trois actions de logistique très basique comme de la gestion de stock et de l’approvisionnement de bloc opératoire. Du coup j’avais en tête que la seule voie possible pour faire de l’humanitaire, c’était de faire des études de santé. Donc bac S, puis médecine où je n’ai fait que 6 mois, l’ambiance ne me plaisait pas du tout, puis psycho, mais j’avais l’impression de m’écarter de mon projet. Je suis tombé sur Bioforce au hasard de recherches sur le meilleur moyen d’intégrer le monde de l’humanitaire. J’y suis entré en 2014 par la formation post-bac en 3 ans Responsable de l’Environnement de Travail et de la Logistique Humanitaire.
Comment s’est passée ta licence humanitaire ? Le stage au Pérou, ton alternance ?
En première année, on a beaucoup de cours théoriques et pratiques, essentiellement au Centre Europe ou sur des sites techniques à proximité, sur les deux métiers qui peuvent sembler de prime abord assez éloignés. Cette première année va servir à acquérir beaucoup de connaissances techniques, mais aussi de la compta, du management, de la RH… Tout ça nous donne les clés en prévision du stage de 2e année. On réalise aussi une action de solidarité locale, entre 2 et 4 heures par semaine. J’ai fait du soutien scolaire au sein du foyer Aralis, un foyer de travailleurs migrants, et ça m’a mis un premier pied à l’étrier dans l’associatif.
En 2e année, je suis parti faire mon stage de 4 mois en Bolivie, comme volontaire, avec un de mes camarades de promotion, dans une petite association franco-bolivienne, Warita, en partenariat avec une maison des services à El Alto, une banlieue très pauvre de La Paz. On peut partir avec de grosses structures pour ce stage, mais l’accent est souvent mis sur de plus petites associations locales qui nous permettent d’aller vraiment au contact des gens. Notre projet consistait en la construction de serres solaires vivrières. Les jeunes là-bas mangent beaucoup de chips et boivent beaucoup de soda, l’idée était donc de les aider à découvrir d’autres types de nourriture. On avait tout en charge dans un projet qui partait de zéro. Certes c’est un petit projet, mais c’est beaucoup de responsabilités pour des étudiants en 2e année : on a dû trouver par exemple les maçons et les ingénieurs agronomes sur place pour nous aider dans la conception agricole, notamment pour être guidés dans ce qui est cultivable à 3500 mètres d’altitude ! J’étais content de le faire en 2e année pour avoir eu le temps d’accumuler des connaissances avant de les mettre en pratique. Puis, retour à Bioforce pour la soutenance et le débriefing de cette expérience.
Ma 3e année, axée vraiment sur l’Environnement de travail, je l’ai faite à Paris dans une entreprise de CVC (Climatisation Ventilation Chauffage). Tout comme logisticien, les métiers de l’Environnement de travail sont des fonctions support. Donc on ne touche pas au cœur de métier. Je ne suis par exemple jamais allé faire une intervention avec un frigoriste pour poser une clim. Mon rôle était de mettre à disposition tout ce dont les 300 techniciens avaient besoin pour faire leur métier : une camionnette bien entretenue, dont le plein était fait, avec l’outillage adéquat en plus de la caisse à outils, c’est-à-dire une cinquantaine d’outils de précision soumis à des contrôles réglementaires. Mon boulot c’était de fournir et de m’assurer que le matériel était toujours en état de fonctionnement. Et de fait, ça nécessite d’avoir un peu de connaissances sur le métier de l’entreprise. Une facette importante des fonctions Environnement de Travail, c’est d’être très curieux sur des choses très variées. Il fallait aussi fournir aux techniciens un ordinateur dont les données sont protégées et avec une bonne connexion, un téléphone et une ligne téléphonique… C’est de la gestion de parc, de stock, de maintenance. Et tout ça, vous le verrez dans votre formation.
A la fin de mon alternance, mon idée était de partir en mission. Mais j’ai eu la chance que ce groupe me fasse confiance en me proposant des responsabilités alors que j’avais 23 ans. J’ai accepté et je me suis donc retrouvé responsable Services Généraux sur un territoire complet, le Nord-Normandie, avec 4 agences. Le groupe s’est développé pendant les 3 ans où j’y ai travaillé, et de 70 personnes sur cette zone on est passé à 250-300 personnes et 7 agences entre la France et la Belgique. J’ai beaucoup bougé, découvert des régions que je ne connaissais pas et surtout emmagasiné beaucoup d’expérience très opérationnelle. Même si mon but était de prévoir et de se préparer aux imprévus, on n’a pas de journée type, et en général quand on prévoit une journée, notre planning vole en éclats au premier imprévu ! J’ai eu plein de projets intéressants, comme répondre à des appels d’offre multinationaux, gérer des intégrations d’agence ou des déménagements…
C’est un métier qui évolue très vite, on a de nouvelles normes régulièrement, il faut donc aussi être en veille constante et être prêt à s’adapter très vite.
Quel est ton poste aujourd’hui ?
Depuis juin 2021 je suis revenu à Bioforce, cette fois en tant que membre de l’équipe, comme Responsable Environnement de Travail. Tous les établissements qui reçoivent du public, comme c’est le cas de Bioforce, sont soumis à des contrôles très stricts, une commission de sécurité vient tous les 3 ans pour s’assurer que le bâtiment est en sécurité et que les occupants peuvent continuer de venir. Et là encore le métier est différent de ce que j’ai connu dans l’entreprise précédente : pour faire court je suis le garant de la sécurité et du confort des utilisateurs. Mettre en place le bon protocole sanitaire, les contrôles réglementaires des équipements, la sécurité incendie – s’assurer de la bonne température des salles de classe et des bureaux, d’un renouvellement d’air conforme au volume indiqué règlementairement, de l’évacuation des déchets…
J’essaie de vous donner des exemples concrets car c’est un métier qui a été peu mis en avant dans les entreprises. C’est de moins en moins le cas, les entreprises comprennent l’intérêt d’avoir un vrai Responsable Environnement de Travail à qui elle confie un rôle d’optimisation du fonctionnement, et des frais associés. Par exemple, Charlène qui était là avant moi à Bioforce a remplacé tous les luminaires pour les passer en LED, et on en voit l’impact sur les factures d’électricité. La gestion des contrats, la négociation avec les fournisseurs, sont une part importante de notre travail. Ensuite vient le temps de l’analyse et de la mesure de l’impact de notre action, pour savoir si on a pris la bonne direction. C’est un métier qui évolue très vite, on a de nouvelles normes régulièrement, il faut donc aussi être en veille constante et être prêt à s’adapter très vite.
J’ai eu la chance que ce groupe me fasse confiance en me proposant des responsabilités alors que j’avais 23 ans.
Théo répond à toutes vos questions
Théo a témoigné de son expérience lors de la Journée de l’Enseignement Supérieur en janvier dernier. Il a répondu à toutes les question des jeunes futurs humanitaires venus à sa rencontre, et de leurs parents !
Est-ce que tu réalises toi-même les interventions de dépannage ou est-ce que ton rôle est plutôt de les organiser ?
Dans mon expérience en alternance, c’est moi qui devais réaliser les interventions les plus basiques, comme changer une pièce ou réparer un ordinateur. Pour les interventions plus poussées, on avait des experts au siège pour me guider. Après, quand tu es responsable Environnement de Travail, ça n’est pas ce qu’on te demande : là il faudra manager des équipes spécialistes ou faire appel à des prestataires.
La plupart des services supports sont un peu dans l’ombre, car on n’est jamais le cœur de métier d’une structure – à part les entreprises de facility management. Par exemple, à Bioforce, le cœur de métier c’est la formation. Les services supports (environnement de travail, RH, communication) ne font pas partie de ce cœur de métier. A Bioforce, je ne suis pas en contact avec les étudiants, par contre j’ai des clients : les clients internes, mes collègues qui sont souvent exigeants ! Là où j’étais avant, c’était des hommes de terrain qui n’hésitaient pas à te dire les choses (rires). Mais c’est notre boulot aussi d’envelopper tout ça, et de garder une main de fer dans un gant de velours.
Est-ce que l’Environnement de travail a un lien avec la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises ?
Nous avons une composante RSE dans notre métier, mais ça n’est pas notre métier. Des commissions environnementales vont s’intéresser à la revalorisation de nos déchets par exemple. Pendant mon alternance, on avait mis en place des récupérateurs d’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau. On est l’interlocuteur privilégié sur ces questions-là, et on est formé à Bioforce pour ça – mais de nombreux aspects de la RSE, en matière RH par exemple, ne nous concernent pas.
Et du coup, l’humanitaire ?
C’est vrai que j’étais vraiment humanitaire humanitaire ! Au cours des 3 ans de formation, j’ai déjà un peu évolué, je me suis éclaté dans mon stage, ça a confirmé mon choix. Par contre j’ai changé ma vision. Quand je suis revenu de stage, j’étais très fatigué parce que même si ça n’était que 4 mois, c’était très intense, avec de gros rythmes de travail et de grosses responsabilités. A la fin, je n’avais qu’une envie, rentrer en France – mais une fois arrivé en France, je n’avais qu’une envie, repartir ! Et j’ai toujours cette envie bien sûr. Mais j’ai encore pour ambition d’emmagasiner de l’expérience professionnelle, ça me permettra de la restituer dans l’humanitaire. Parmi mes camarades de promo, certains ont continué leurs études, notamment dans les relations internationales. Cette formation ouvre donc pas mal de portes, souvent en lien avec l’international.
A quelle rémunération un responsable Environnement de Travail peut-il prétendre ?
C’est très variable en fonction de la structure, de sa nature, de l’étendue des responsabilités du poste, de l’expérience que tu as déjà… Le statut cadre est souvent associé. Dans un gros groupe, tu peux évoluer vite de chargé de logistique à responsable logistique, puis à responsable Environnement de Travail et à gestionnaire pour l’ensemble du groupe. Comme dans beaucoup de métiers, des évolutions sont possibles avec l’expérience.
Que retiens-tu de ta formation, et surtout des exercices pratiques ?
Ils sont condensés sur la première année, avec deux grosses mises en situation, très complètes. L’équipe pédagogique va faire en sorte de vous plonger dans un scénario où vous vous retrouverez en mission humanitaire. Vous allez devoir tout faire : prévoir la mission, prendre en compte le contexte sécuritaire, développer une base-vie… C’est très semblable à ce qu’on va rencontrer sur les terrains humanitaires. C’est aussi une façon de se tester, est-ce que oui ou non j’ai bien assimilé les connaissances qu’on m’a enseignées.
Où est-ce que tu te vois dans dix ans ?
Bonne question ! Je suis un peu plus serein sur l’avenir, je sais que j’ai accumulé de l’expérience et que je pourrai retomber sur mes pattes. D’ici disons 5 ans, j’aimerais partir sur le terrain et faire des missions pour quelques années. Et au retour, avec toute cette expérience préalable, je sais que je pourrai à nouveau prétendre à des postes ici, ce qui est tranquillisant pour moi.
Quand on n’est pas très doué de ses mains, est-ce que c’est bloquant ?
Le but de la première année est de donner les clés à tout le monde. C’est bien pour ça que toutes les filières de bac peuvent être admises dans cette formation. En arrivant, je ne savais pas me servir d’un marteau. Même ceux qui ont le moins d’appétence pour ce genre de sujet auront avec la formation les connaissances générales. On a des cours de construction par exemple, pour savoir comment un bâtiment est fait et pouvoir identifier si certains dysfonctionnements sont très graves par exemple. Et qu’on soit doué ou pas de ses mains n’a pas grand-chose à voir. Ca n’est pas là-dessus qu’il faut vous inquiéter. On n’est pas dans la pure technicité dans ce métier : quand j’accueille la commission sécurité, on ne me demande pas de montrer comment on répare l’ascenseur. Je vais m’appuyer sur les professionnels. Mais ma connaissance va rentrer en jeu quand même, car pour acheter une prestation, il faut que je sache de quoi je parle.
Un conseil ?
Oser. Ça fait un peu peur, en 2e année on part tout seul à l’autre bout du monde, mais c’est une expérience que vous ne trouverez dans aucune autre formation. En rentrant de ce stage, je n’étais pas la même personne, j’étais beaucoup plus riche personnellement.