« On recherchait une structure qui partage notre vision du développement »
Du 12 au 16 juillet dernier, le centre de formation Bioforce Afrique accueillait des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes en Développement Durable (Ihedd), piloté par la Fondation pour les Etudes et la Recherche sur le Développement International (Ferdi). Jacky Mathonnat, professeur émérite à l’Université Clermont Auvergne, est senior fellow de la Ferdi, responsable du programme Santé et de la formation en santé. Il revient sur cette collaboration.
Un think tank orienté vers la prise de décision en matière de politiques publiques
« La Ferdi est une fondation d’utilité publique, et le principal think thank en France consacré à l’analyse de la problématique du développement, avec une attention particulière portée à l’Afrique. La Ferdi, le Cerdi (Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International, unité mixte de recherche CNRS) et l’Iddri se sont associés dans une démarche d’excellence et ont obtenu le statut particulier de Labex (Laboratoire d’excellence) IDGM+ « Initiative pour le développement et la gouvernance mondiale » qui permet de bénéficier de financements publics spécifiques. Depuis sa création, la Ferdi travaille en étroite collaboration avec un grand nombre de partenaires, notamment des pays et des institutions africaines, des organisations nationales ou internationales comme entre autres l’AFD, la Banque mondiale, la Commission européenne, l’OMS, la Banque Africaine de Développement. L’objectif général est de conduire une réflexion et des recherches orientées vers la prise de décision au niveau des politiques publiques. Il s’agit de recherches appliquées en ligne avec l’objectif de la Ferdi de fournir aux décideurs des éléments d’analyse qui leur permettront de prendre les décisions les plus appropriées par rapport à leurs objectifs et aux contextes dans lesquels ils opèrent.
La Ferdi est aussi fortement engagée dans des actions de formation à travers l’Ihedd, l’institut de formation du laboratoire d’excellence (Labex) IDGM+ qu’elle administre. C’est dans ce cadre que nous avons collaboré avec Bioforce. Nous avons un important programme de formation dans le domaine du renforcement des systèmes de santé. Ce programme est destiné à des responsables africains, cadres dans différents pays, principalement d’Afrique francophone, dans un objectif de renforcement de capacités pour appuyer la prise de meilleures décisions. Ce programme de 3 ans, avec un volet en présentiel et un autre à distance, bénéficie du soutien de la Direction de la Coopération Internationale (DCI) du Gouvernement princier de Monaco. La première année s’est déroulée à Clermont-Ferrand, puis la deuxième année à Ouagadougou et cette année à Dakar. Ils sont 13 participants à suivre la formation cette année, cadres supérieurs des ministères de la santé ou de l’économie venant du Burkina Faso, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Tchad. Nous accueillons également une responsable des programmes de la DCI.
Pourquoi avoir fait appel à Bioforce ?
On cherchait une structure d’accueil capable de recevoir la formation dans de bonnes conditions, qui partage notre vision du développement, avec une conception de la pratique du développement en harmonie avec ce que l’on fait. Pour nous, une formation en présentiel pour des Africains doit se faire en Afrique, et Bioforce partage cette approche. Je connais Bioforce depuis longtemps et j’ai beaucoup d’estime pour ce qui y est fait en matière de formation humanitaire. Il y a une grande complémentarité entre le travail des humanitaires et les politiques de développement. La mise en relation avec Bioforce a été faite par notre partenaire commun, la Coopération monégasque. Il y a donc eu une sorte de convergence de réflexion qui nous a conduit à collaborer avec Bioforce. Je suis extrêmement heureux de cette collaboration, les locaux à Dakar sont remarquablement bien conçus, parfaits pour faire de la formation, et l’équipe est très disponible et réactive.
Des perspectives ?
Nous mettons actuellement en place un nouveau programme de formation, différent de l’actuel, mais toujours avec du présentiel. Faire cette formation à Dakar serait optimal et il y a une probabilité forte que nous revenions à Bioforce. Au-delà de cela, nous pourrons réfléchir par exemple à des programmes de formation à la carte, ponctuels, qui correspondraient à un besoin de Bioforce dans le domaine de l’économie du développement pour les humanitaires qui passent ici. Cela pourrait par exemple être utile pour approfondir avec les humanitaires la façon dont les interventions humanitaires et de développement ont vocation à s’articuler, de manière globale ou sur des points spécifiques, pour mieux saisir comment les politiques publiques sont fondamentales pour favoriser le développement et comment de mauvaises politiques vont l’inhiber, et cela en lien avec des domaines auxquels tous les humanitaires sont confrontés, dont celui du financement par exemple. »
crédit photo : Melanie Hurel pour Ferdi
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