Une semaine pour vivre le terrain humanitaire grandeur-nature
Cette semaine, les formations « Responsable Logistique » et « Responsable Ressources Humaines et finances » à Dakar se sont achevées par la traditionnelle Application Terrain Transversale (ATT).
Spécificité des formations Bioforce, il s’agit d’un exercice d’une semaine durant laquelle les élèves sont plongés dans une simulation d’intervention d’urgence dans un contexte sécuritaire instable.
Le support pédagogique de l’exercice s’appuie sur un jeu de rôle. Le scénario désigne les élèves comme personnels d’ONG. L’action se déroule dans un contexte d’urgence complexe où interviennent différents acteurs. Les enjeux sont nombreux : la sécurité du personnel et des biens, le respect de l’environnement, le respect des populations locales, la coordination entre ONG, le respect du scénario. Pour cette mise en scène grandeur nature, les élèves ont quitté Dakar pour se rendre à une vingtaine de kilomètres, à Mboro, une petite ville côtière transformée pour l’occasion en terrain humanitaire d’urgence. Avant le grand départ de la capitale, le scénario prévoit l’organisation des réunions de coordination entre ONG au Centre Bioforce. Puis c’est le chargement de tout le matériel nécessaire : destination la base de vie. Regroupés en équipes, chacun employé de différentes ONG, les élèves se répartissent les rôles (responsables terrain, responsables RH et Finances, logisticiens, programmes…) qu’ils devront tenir durant toute la durée de cet exercice. L’objectif ? Capitaliser sur ce qu’ils ont appris durant les 3 mois de formation, et les mettre en application en situation réelle. C’est également l’occasion de se découvrir humainement et de se surpasser, toujours sous l’œil bienveillant mais vigilant des équipes d’encadrement.
Faire la différence entre théorie et réalité
L’exercice est d’abord une expérience intense pour les élèves, dont les nerfs sont mis à rude épreuve. Le secret du scénario est conservé jusqu’au dernier moment, tandis que de nombreuses surprises et rebondissement sont là pour surprendre les élèves. Pour Ibrahima Ba, inscrite en Ressources Humaines et Finances « quel que soit les années d’expériences enregistrées, lorsque l’on revient d’ATT, nous réalisons qu’il nous reste encore des choses à apprendre. C’est une totale remise en cause de soi et cet aspect pratique dans la formation Bioforce est essentiel. Nous avons vécu toutes les émotions et tous les défis liés à une situation d’urgence humanitaire, dans des conditions de stress maximales. Avec cet exercice, je viens de vivre un moment intense et inoubliable ».
Parmi l’encadrement, Stéphane est un pur produit de Bioforce. Après 17 ans sur les terrains humanitaires et d’urgence, il revient à Bioforce pour accompagner les nouvelles générations. Selon lui, un des principes forts à assimiler, c’est la connaissance de l’autre. « Ce que j’enseigne à mes étudiants, c’est d’apprendre à se connaître ! C’est la base de tous les rapports humains, pour anticiper les réactions de chacun. Même s’il est des situations humanitaires où l’on est obligé de compter sur le bon sens individuel ».
Les rôles permettent à chaque élève de se tester, mettre en pratique ses compétences et son savoir-être. Pour Mohamadou Maïga, inscrit en logistique, l’approche pédagogique de l’exercice fait toute la différence. « Le scénario était tellement bien monté qu’on se croirait dans la réalité ». Pour d’autres, c’est le temps des nouvelles expériences. C’est le cas pour Daniel Lakoun Toure, chargé de l’approvisionnement durant l’exercice. Avant cette expérience, il n’avait jamais fait de montage et de démontage de tente : « cet exercice pratique m’a permis de faire la différence entre la théorie et la réalité. C’est également là notre source de motivation. C’est une occasion de nous tester, de nous challenger ».
Un challenge excitant, car après avoir passé 3 mois « sur les bancs de l’école », l’ATT permet de rentrer dans le concret. D’ailleurs, pas question de chômer : l’intensité et la cadence de l’exercice engendrent rapidement stress et fatigue. Mais comme le rappelle Anaïs Faye, qui accompagne les élèves après la fin de leur cursus, tous ceux qui sont actuellement en mission affirment avoir mis l’expérience acquise au cours de l’exercice en application dans le cadre professionnel. Sortir les élèves de leur zone de confort est l’un des buts essentiels de cet exercice. Certains éprouvent des difficultés à rentrer dans le jeu mais en faisant l’effort de le vivre pleinement et de s’en approprier, les élèves en tirent tout le bénéfice, selon Nicolas Morel, qui met en scène le scénario. Ceux qui passent par Bioforce ont toujours en mémoire les ATT. Et dans les moments critiques sur le terrain, beaucoup estiment que cet exercice reste leur plus grande référence.